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LA CORRUPTION EN AFRIQUE : UN SYSTÈME DE GOUVERNANCE DÉGUISÉ

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La corruption en Afrique dépasse largement le cadre d’une simple déviance morale. Elle s’est muée en un véritable système de gouvernance, structurant les interactions entre citoyens, fonctionnaires et élites économiques. Plutôt qu’un simple fléau à éradiquer, elle est devenue un mode de fonctionnement intégré, au point où il est paradoxalement plus rentable d’être fonctionnaire que d’être entrepreneur. Pourquoi tout le monde cherche-t-il à obtenir un matricule dans l’administration publique, alors même que la fonction publique n’a pas vocation à enrichir ses membres ? Ce paradoxe illustre à quel point la corruption façonne la dynamique sociale et économique du continent.

I. LA CORRUPTION, PILIER DES RELATIONS SOCIO-ÉCONOMIQUES

« Quand l’État devient une entreprise privée, la corruption devient un investissement. »

  1. LE FONCTIONNAIRE, PLUS PUISSANT QUE L’INDUSTRIEL

En Afrique, il n’est pas rare de voir des hauts fonctionnaires côtoyer des industriels comme s’ils faisaient partie de la même classe économique. Pourtant, avec leurs salaires officiels, ils ne devraient pas pouvoir rivaliser avec des entrepreneurs investissant dans la production de biens et services. Ce phénomène s’explique par les opportunités de corruption et de détournement dont disposent certains cadres de l’administration.

  1. LA QUÊTE DU MATRICULE : LE SAINT-GRAAL SOCIAL

Chaque année, des milliers de jeunes diplômés se ruent vers la fonction publique, non pas par passion du service public, mais parce qu’ils savent que derrière un simple poste administratif se cache un potentiel immense d’enrichissement illicite. La lenteur bureaucratique, les frais informels pour accélérer les dossiers et l’accès privilégié aux marchés publics font du fonctionnaire un acteur économique clé.

  1. L’ATTRACTIVITÉ DES POSTES STRATÉGIQUES

Dans de nombreux pays africains, les nominations à des postes administratifs sont monnayées. Un individu peut payer des millions pour être nommé directeur d’un ministère ou d’une agence publique, sachant qu’il pourra rapidement récupérer son investissement en « taxes informelles » et détournements divers.

II. UN SYSTÈME DE GOUVERNANCE FONDÉ SUR L’INFORMEL

« Là où la loi ne protège plus, la corruption devient la norme. »

  1. L’ADMINISTRATION PARALYSÉE PAR LES PRATIQUES OCCULTES

Un entrepreneur camerounais souhaitant obtenir une simple licence d’exploitation devra souvent payer plusieurs intermédiaires avant même de voir son dossier étudié. Le fonctionnement de l’État repose ainsi sur une double tarification : l’officielle, et l’officieuse qui alimente un réseau parallèle de revenus illicites.

  1. LES POLICIERS ET DOUANIERS, AGENTS DE TAXATION INFORMELLE

Dans de nombreux pays, la police routière ne se contente pas d’appliquer les lois, elle perçoit également des frais informels auprès des conducteurs. De même, les douaniers exigent souvent des paiements non officiels pour accélérer le passage des marchandises aux frontières, augmentant ainsi le coût final des produits sur le marché.

  1. LA JUSTICE, UN SERVICE PAYANT

Un justiciable ordinaire doit s’attendre à ce que son dossier soit classé sans suite s’il ne rémunère pas les agents judiciaires. À l’inverse, un criminel fortuné peut obtenir une relaxe sans difficulté. La justice devient un marché où les décisions sont négociables.

III. LA CORRUPTION, UN OUTIL DE CONTRÔLE POLITIQUE

« La corruption est l’oxygène des régimes autoritaires. »

  1. ENTRETENIR UNE CLIENTÈLE POLITIQUE

Pour se maintenir au pouvoir, certains dirigeants africains utilisent la corruption comme un levier d’influence. En distribuant des postes stratégiques à des alliés fidèles, ils s’assurent une loyauté indéfectible. Plus les bénéficiaires du système s’enrichissent illicitement, plus ils ont intérêt à préserver le statu quo.

  1. RÉPRIMER LES OPPOSANTS PAR LA JUSTICE

La corruption judiciaire permet de neutraliser toute opposition. Les leaders contestataires sont souvent accusés de délits financiers montés de toutes pièces, tandis que les véritables fraudeurs proches du pouvoir jouissent d’une impunité totale.

  1. UTILISER LES RESSOURCES PUBLIQUES POUR LES CAMPAGNES ÉLECTORALES

Lors des élections, l’argent issu des détournements de fonds publics sert à financer la propagande, l’achat de votes et la mobilisation d’électeurs. Un maire ou un gouverneur qui n’alimente pas son parti risque d’être écarté du cercle du pouvoir.

IV. COMMENT SORTIR DE CETTE DYNAMIQUE ?

« Il ne suffit pas de punir, il faut reconstruire un modèle basé sur le mérite et la transparence. »

  1. RÉHABILITER LE MÉRITE COMME CRITÈRE DE RÉUSSITE

Tant que le succès sera associé aux postes administratifs plutôt qu’à l’innovation et à la création de valeur, l’économie africaine restera prisonnière de la corruption. Il est urgent d’encourager les initiatives privées et de récompenser le travail productif.

  1. DÉMATÉRIALISER LES SERVICES PUBLICS

L’introduction du numérique dans les services administratifs réduit les interactions humaines et, par conséquent, les opportunités de corruption. Des pays comme l’Estonie, bien que hors du continent, offrent des modèles de digitalisation efficaces.

  1. SANCTIONNER SANS EXCEPTION

La fin de l’impunité passe par des sanctions appliquées de manière équitable, y compris pour les hauts responsables. Il est inacceptable qu’un simple employé soit licencié pour une faute mineure pendant que des détournements massifs restent impunis.

La corruption en Afrique ne peut plus être considérée comme une simple anomalie. Elle est intégrée au fonctionnement des États, au point de conditionner l’ascension sociale et économique. C’est un mode de gouvernance qui favorise l’informel, affaiblit les institutions et freine le développement. Pourtant, il existe des solutions pour briser ce cercle vicieux. L’heure est venue de réhabiliter le mérite, de renforcer la transparence et d’instaurer des mécanismes de contrôle efficaces. Le combat contre la corruption est avant tout un combat pour un État fonctionnel et respecté.
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